Week 207.

From my window

Les premières photos de mes fenêtres datent du début du confinement, avril 2020, qui fut aussi le début de l’aventure collective de The Crown Letter. Cinq ans ont passé. Des centaines d’événements ont été qualifiés d’historiques. L’histoire en retiendra-t-elle quelque chose ? Vu de ma fenêtre, le ciel paraît aujourd’hui gros de nuages très noirs. Des calamités en tout genre s’annoncent. En remontant le temps, cette page témoigne d’événements dont certains seront peut-être jugés mineurs mais qui m’ont personnellement touchée voire bouleversée, parmi eux le grand enfermement du Covid, le soulèvement démocratique des Biélorusses, la persécution de Julian Assange, la condamnation à 15 ans de détention à régime sévère d’un ami russe militant de la mémoire des victimes du stalinisme, Iouri Dmitrievitch, les centaines de milliers d’exilés venus frapper aux portes barricadées de notre continent, le basculement de l’Argentine dans l’ère de la tronçonneuse, l’agression militaire de l’Ukraine et, pire que cette guerre menée par un empire sur le déclin, l’anéantissement méthodique de tout le peuple palestinien par un État se proclamant juif qui m’est familier depuis l’enfance pour avoir incarné l’idéal de beaucoup de mes proches et m’inspire aujourd’hui une horreur mêlée de honte. Cette page témoigne de ma petite histoire percutée par la grande. Je n’ai cessé de regardé au dehors. La restauration complète de la façade sur cour sera bientôt achevée. Douze étages de 30 mètres de large représentent une surface conséquente que je n’ai pas calculée. Les ouvriers sont tous originaires du Maghreb ou d’Afrique francophone. Ils ont beaucoup peiné cet hiver sur leur échafaudage exposé au vent glacial. Le printemps est enfin arrivé et le ramadan a fini dimanche. Cet après-midi, je leur ai servi un café chaud et bien sucré. Ils ont souri comme si le monde tournait rond.