Week 202. Security.
Ivana Vollaro
Ivana Vollaro
For Security, 2020
Aurelia Mihai
Attention Video Surveillance – Layers of Gentrification
Photography, 2024
Katja Stuke
Watch.
Katja Stuke from the series CCTV, Toronto 2005
Manuela Morgaine
« Je suis venu témoigner de ce que font les armes de guerre. I’ve come to bear witness to what weapons of war do.”
Simon Fieschi est mort le 17 octobre à 40 ans. Il était le webmaster du journal satirique français Charlie Hebdo quand les terroristes sont venus tuer tous les dessinateurs le 7 janvier 2015. Il a pris la première balle tirée en pleine colonne vertébrale et a résisté dix ans. Il s’est confronté avec humour et rage aux terroristes pendant les procès et était toujours aux côtés des victimes d’attentats. Je l’ai connu enfant. Puis grand, puis grand handicapé survivant.
Simon Fieschi died on October 17, 2024 at the age of 40. He was the webmaster of the French satirical newspaper Charlie Hebdo when the terrorists came to kill all the cartoonists on January 7, 2015. He took the first bullet fired into his spine and resisted for ten years. He confronted the terrorists with humor and rage during the trials and was always by the side of the victims of attacks. I knew him as a child. Then as a grown-up, then as a disabled survivor.
Kyung-hwa Choi-ahoi
written out / erased
diary drawing _ Nr.8372_ December 12th, 2021
Emma Woffenden
Escape.
Anne Brunswic
Beware of security / Gare à la sécurité
[English translation below]
Gare à la sécurité. C’est une pièce à deux faces, voire trois.
Côté pile. Quel beau programme ! Sécurité sociale universelle. Car de l’insécurité, je, tu, il, elle souffre et souvent meurt. La femme, l’enfant, l’infirme, l’ouvrier, l’immigrant, le civil exposé à la terreur qui tue, affame, empoisonne, ensevelit, tous réclament la sécurité. Tous ont soif de sécurité. Personne ne peut se coucher avec la certitude qu’il sera vivant demain, écrit un chroniqueur de Gaza.
Côté face. La citadelle assiégée ou son modèle réduit, la villa dans la jungle a pour premier, second et troisième souci leur propre sécurité. La villa exige de hauts grillages, jamais assez hauts. Mieux, elle doit dissuader les assaillants qui se dissimulent parmi les fourrés et les hautes branches. La sécurité des uns exige la mise en cage des autres, voire leur extermination. En hébreu, « sécurité » se dit « bitakhon ». « Barrière de sécurité » se dit en arabe « mur de l’apartheid ». A mes oreilles, les trois syllabes bi-ta-khon crachées par un bonhomme vert dans un mégaphone sonnent comme l’ouverture de la chasse.
La sécurité pour tous, grands et petits, porte un nom, la paix dans le droit, dans la justice. Cette paix-là, le fort l’écarte avec dédain. Il n’aura jamais assez de garanties, d’assurances, dit-il. Le vrai : il n’entend pas donner de garanties au faible. Pas question de poser des bornes à sa puissance. « J’ai bien le droit », dit-il, au mépris du droit.
La sécurité des uns n’est pas celle des autres. Étendard de la réaction. Tenants de l’ordre établi contre subversifs. Sécurité des investissements, sécurité du propriétaire, sécurité des institutions. Caméras de sécurité, agents de sécurité, prisons de haute sécurité, forces de l’ordre, murailles et barbelés, patrouilles en mer. A ce jeu, le dictateur a toujours une longueur d’avance. Il fait mieux qu’assurer la sécurité, il l’impose. A son bénéfice exclusif.
Il y aurait une fois. Sécurité de la rue qu’on emprunte à la nuit tombée, de la route qu’on traverse, de ce qu’on mange, boit, respire. Sécurité de la terre nourricière. Sécurité pour ceux qui ont soif, qui ont faim, qui vivent dans des logements insalubres ou pas de logement du tout, qui traversent les mers et les continents.
Et puis la sécurité des paroles que l’on confie, des bras où l’on se blottit.
Beware of security. It’s a two-sided, or even a three-sided coin.
Tails side. What a great programme! Universal social security. Because of insecurity, I, you, he, she suffers and often dies. Women, children, the disabled, workers, immigrants, civilians exposed to the terror that kills, starves, poisons and buries – they all want security. They all thirst for security. No one can go to bed with the certainty that they will be alive in the morning’, writes a Gaza columnist.
The opposite side. The first, second and third concern of the besieged citadel or its reduced model, the villa in the jungle, is its own safety. The villa requires high fences, never high enough. Better yet, it must dissuade attackers who hide among the thickets and high branches. The security of some requires the caging of others, even their extermination. In Hebrew, ‘security’ is called ‘bitakhon’. ‘Security fence’ is Arabic for “apartheid wall”. To my ears, the three syllables bi-ta-khon shouted by a green man into a megaphone sound like the opening of the hunt.
Security for all, young and old, has a name: peace based on law and justice. The strong dismiss this peace with disdain. He’ll never have enough guarantees, enough assurances, he says. The truth is that he has no intention of giving guarantees to the weak. There is no intention of placing limits on his power. ‘I have the right’, he says, in defiance of the law.
The security of some is not the security of others. Standard of reaction. Defenders of the established order versus the subversive. Investment security, owner security, institutional security. Security cameras, security guards, high-security prisons, forces of law and order, walls and barbed wire, patrols at sea. At this game, the dictator is always one step ahead. He does more than ensure security, he imposes it. To his exclusive benefit.
There would be a time. Security of the street you walk down at nightfall, of the road you cross, of what you eat, drink and breathe. Security in the soil that nourishes us all. Security for those who are thirsty, hungry, living in substandard housing or no housing at all, for those who cross seas and continents.
And then the security of the words we confide, the arms in which we cuddle.
Gare à la sécurité. C’est une pièce à deux faces, voire trois.
Côté pile. Quel beau programme ! Sécurité sociale universelle. Car de l’insécurité, je, tu, il, elle souffre et souvent meurt. La femme, l’enfant, l’infirme, l’ouvrier, l’immigrant, le civil exposé à la terreur qui tue, affame, empoisonne, ensevelit, tous réclament la sécurité. Tous ont soif de sécurité. Personne ne peut se coucher avec la certitude qu’il sera vivant demain, écrit un chroniqueur de Gaza.
Côté face. La citadelle assiégée ou son modèle réduit, la villa dans la jungle a pour premier, second et troisième souci leur propre sécurité. La villa exige de hauts grillages, jamais assez hauts. Mieux, elle doit dissuader les assaillants qui se dissimulent parmi les fourrés et les hautes branches. La sécurité des uns exige la mise en cage des autres, voire leur extermination. En hébreu, « sécurité » se dit « bitakhon ». « Barrière de sécurité » se dit en arabe « mur de l’apartheid ». A mes oreilles, les trois syllabes bi-ta-khon crachées par un bonhomme vert dans un mégaphone sonnent comme l’ouverture de la chasse.
La sécurité pour tous, grands et petits, porte un nom, la paix dans le droit, dans la justice. Cette paix-là, le fort l’écarte avec dédain. Il n’aura jamais assez de garanties, d’assurances, dit-il. Le vrai : il n’entend pas donner de garanties au faible. Pas question de poser des bornes à sa puissance. « J’ai bien le droit », dit-il, au mépris du droit.
La sécurité des uns n’est pas celle des autres. Étendard de la réaction. Tenants de l’ordre établi contre subversifs. Sécurité des investissements, sécurité du propriétaire, sécurité des institutions. Caméras de sécurité, agents de sécurité, prisons de haute sécurité, forces de l’ordre, murailles et barbelés, patrouilles en mer. A ce jeu, le dictateur a toujours une longueur d’avance. Il fait mieux qu’assurer la sécurité, il l’impose. A son bénéfice exclusif.
Il y aurait une fois. Sécurité de la rue qu’on emprunte à la nuit tombée, de la route qu’on traverse, de ce qu’on mange, boit, respire. Sécurité de la terre nourricière. Sécurité pour ceux qui ont soif, qui ont faim, qui vivent dans des logements insalubres ou pas de logement du tout, qui traversent les mers et les continents.
Et puis la sécurité des paroles que l’on confie, des bras où l’on se blottit.
Neringa Naujokaite
Untitled (Hangar)
Kasia Ozga
Open (for Business)
Valeria Troubina
November 13
Ruth Maclennan
The Hawk and the Tower
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